1839-1860 : La construction de 2 maisons d'école


CONTEXTE HISTORIQUE

NATIONAL : Depuis 1830, la France est sous le régime de la monarchie constitutionnelle, Louis-Philippe, roi des Français dirige le gouvernement.
Une loi est proposée par le ministre de l’Instruction Publique François Guizot, votée en juin 1833, cette loi fait obligation aux communes de plus de 500 habitants d'entretenir une école primaire et un instituteur pour les garçons et pour les communes de plus de 800 habitants, la même pour les garçons et les filles.
La révolution de 1848 chassera Louis-Philippe et établira une éphémère IIème République.
Louis Napoléon Bonaparte sera élu, au suffrage universel, en décembre 1848, et se fera proclamer Empereur en décembre 1852.

À ÉLETOT : Au recensement de 1836, la commune d’Életot compte 1046 habitants, la loi s’applique. L’administration de la commune est assurée par un conseil municipal et son maire, Prosper Lebas élu en 1831, cultivateur de son état.
Une « double gouvernance » existe cependant, le Conseil de Fabrique de l’église exerce une influence réelle, le maire et le curé en sont membres de droit, avec 5 autres membres élus.

 

MISE EN ŒUVRE

Achat du terrain

Le Conseil Municipal vote alors une résolution le 7 juillet 1839, autorisant l’achat par la commune à la Fabrique d’Életot, d'une propriété bâtie, dont elle est réputée propriétaire, afin d'y construire une maison d'école.

Après autorisation de l’archevêché datée du 25 août 1841, petit rebondissement, le principe de précaution s'applique déjà, le sous-préfet, alors à Yvetot, s’émeut le 9 novembre 1841, auprès du préfet à Rouen, du fait, que la Fabrique d'Életot ne peut produire aucun acte de propriété sur cette dernière, si ce n'est la réputation de possession depuis des « temps immémoriaux ». Le préfet, Baron Henri Delporte, Pair de France, ne s'oppose pas à la vente, l’ayant par ailleurs sollicitée et obtenue auprès de l'archevêché en août 1841...

Une ordonnance royale du 24 mai 1842 sanctionne et autorise la Fabrique de l’église d'Életot à vendre à la commune une propriété pour la somme de 4000 Francs, et cette dernière, à vendre aux enchères un terrain de 1ha 70a 25ca situé à la Valleuse, pour une mise à prix de 1700 Francs, la Fabrique se devant d'utiliser le produit de la cession à la réparation de l'église et « à l'achat d'ornements et autres objets nécessaires au culte paroissial ». Le lecteur appréciera le soin du détail dans cet exemple d'hyper centralisation où tout remonte au pouvoir central et en redescend.

L'acte de vente du terrain qui accueillera l’école des garçons est finalement signé à Valmont le 15 juin 1842, devant le notaire Édouard Achille Saint Requier avec pour acteurs et témoins, les représentants de la Fabrique : le président Louis Brice Danvy, le prêtre Jean Silvestre Grenier et le trésorier Jean Bariau ; et pour la commune, le maire Pierre Prosper Lebas.

Par un acte devant Me Saint Requier le 3 novembre 1847 et une ordonnance royale rendue au Palais des Tuileries le 3 janvier 1847, la commune achète à la Fabrique une propriété pour y établir l'école des filles. Il dépendait de ce terrain un bouquet d'arbre qui se situait au centre du carrefour entre la rue de l'Église et la rue des Wagands. En échange, elle vend un autre terrain à la Fabrique, situé au lieu-dit "La Côte des Bruyères Jolies". Le président de la Fabrique est alors Guillaume Lefebvre.

 

Début des travaux

S’ensuit une période de travaux, tant aux bâtiments des maisons d’école qu’à l’église, qui "tombait de vétusté". Celle-ci sera achevée en 1849 avec un des plus hauts clochers des environs, mais qui, suite à une violente tempête, s’écroula en mars 1861 en blessant mortellement le curé Jean-Baptiste Bonaventure Desliens qui confessait une jeune fille…L'école d'Életot en 1848

Il s’agit ici d’améliorer les bâtiments existants, dont l’état ne permet guère d’accueillir les élèves dans de bonnes conditions.

 

La maison d’école en 1848 après travaux :

 

Après plusieurs devis, les travaux — maçonnerie, charpente, menuiserie, peinture et vitrerie — commencent en 1848 et sont réalisés par les entrepreneurs életotais Mathieu Malandain et Jean Mallait. Le fécampois Étienne Maréchal réalisera également une partie des travaux. La couverture en chaume est remplacée par une couverture en ardoise, les murs sont refaits et repeints et le sol est carrelé. Une partie du mobilier est également remplacée.

En février 1849, 4 586 F sont encore nécessaire pour terminer les travaux entrepris pour l'église et l'école. Cependant, "les sacrifices énormes faits par la commune ne permettent plus de nouvelles dépenses, c'est pourquoi le conseil supplie avec les plus vives instances le gouvernement de lui allouer un secours suffisant". Le conseil ajoute que "cette somme ne représente qu'un sixième des dépenses faites jusqu'à présent, et que dans les communes où de semblables travaux ont été exécutés, le gouvernement est venu à leur secours pour le quart et même pour le tiers des dépenses". Le conseil termine en ajoutant que "il y a dix ans, cette commune n'avait ni maisons d'écoles, ni église fréquentable", que la commune a déjà investi plus de 30 200 F dans ces travaux, et que les habitants, qui ne peuvent cultiver "que des terres ingrates et rebelles à la culture" ont déjà fait suffisamment de sacrifices pour ne pas lever un nouvel impôt.
Le gouvernement a finalement décidé d’apporter un secours de 250 F…

 Cellier 1850 Mairie 1850

En 1850, un devis supplémentaire est réalisé pour l’établissement d'un cellier pour l’instituteur, de latrines et de gouttières aux deux maisons d'école, ainsi que la construction d'une salle de Mairie. Ces travaux, dont la dépense totale s’élève à 1751,24 F, sont reçus le 22 mai 1852 par le Maire Prosper Lebas et M. Lecomble, architecte des bâtiments civils, en présence de l’entrepreneur François Fiquet. Ils ont été subventionnés à hauteur de 1000 F par le Ministère de l'Instruction publique et des Cultes et de 300 F par le Préfet.

Citerne école 1856En 1856, la municipalité souhaite construire une citerne pour l’instituteur et l’institutrice. Le devis s’élève à 125 F, une économie ayant été faite sur le transport des matériaux : il est assuré par les agriculteurs de la commune. La dépense est acceptée en juin 1856 par le conseil municipal qui considère qu’il y a utilité "vu que quand il pleut, les eaux n'ayant pas de cours régulier, elles dégradent le terrain et rendent la mairie très humide".

En 1858, le renouvellement du mobilier devient nécessaire, comme l’indique le rédacteur du devis dressé pour l’occasion : "Le mobilier de classe de l'institutrice était tellement incomplet et impropre au service que Madame la Supérieure a émis, dans son passage, des observations tendant à le faire renouveler et approprier". Le devis concerne notamment la fabrication de nouveaux bureaux pour les élèves, qui devront être fait "avec soin et goût", le tout en sapin rouge du nord ; ainsi que l’acquisition de mobilier pour l’appartement de l’institutrice, et divers travaux pour l’école et la Mairie.
Le devis est accepté par le conseil municipal en novembre 1858 et les divers travaux sont réalisés par François Fiquet, entrepreneur, et Mathieu Malandain, menuisier.

En 1875, l’instituteur de l’époque, Eugène Sampic, dresse le plan des deux maisons d’école. Le bâtiment est divisé en deux, d'un côté l'école des garçons et de l'autre l'école des filles, chaque partie étant pourvue d'un préau, le tout séparé par la Mairie et les pièces de vie des instituteurs : salon, cuisine, chambres, cellier ... La cour comporte également une citerne mitoyenne et des latrines.

 

Vers l’école actuelle …

À partir des années 1880, la municipalité va de nouveau engager d’important travaux, qui ne visent plus cette fois à améliorer les infrastructures existantes, mais à construire un nouveau bâtiment à leur place, regroupant l’école de garçons, la mairie et l’école de filles. Il s’agit du bâtiment actuel, dont la construction sera l’objet de la prochaine page d’histoire…